La Princesse au visage de nuit, David Bry

« Dans les bois vit

La princesse au visage de nuit,

Ses yeux sont étoiles,

Ses cheveux l’obscur.

Dans les bois gît

La princesse au visage de nuit,

Dans sa main pâle,

Meurent les cœurs purs. »

Vingt ans après avoir quitté son village natal, vingt ans après avoir essayé de trouver – en vain – la princesse au visage de nuit pour qu’elle le sauve de ses parents, Hugo revient sur les traces de son enfance.

Un étrange accident de voiture, l’orage qui gronde sans cesse, des noms d’enfants dans le vent, une mystérieuse présence dans les bois et les lucioles qui volettent, toujours. Comme avant, au temps de la princesse au visage de nuit.

Devenu adulte, Hugo ira-t-il jusqu’à la trouver ?

Il se souvient, maintenant. La tristesse de Sophie, la détresse de Pierre, les jeux dans les champs, près de la rivière, leurs rires le soir alors que la nuit tombait et menaçait de les engloutir. Il se rappelle les promesses d’enfant, le serment dans la clairière, la course dans les bois, les lucioles autour d’eux, la grotte immense et l’ombre plus grande encore ; la magie qui devait les protéger puisque rien d’autre, rien d’autre ne le pouvait.

C’est sans doute le livre que j’attendais le plus en 2020 et je remercie les éditions HSN d’avoir bien voulu me l’envoyer. Depuis ma première lecture et mon premier coup de cœur pour Que Passe l’Hiver, j’attends toujours avec impatience les sorties des romans de David Bry. Et comment vous dire que ce livre m’a littéralement hanté.

Un roman qui m’a conquis

Ce n’est généralement pas le genre de livres que j’apprécie. Les histoires qui font peur n’ont jamais été ma tasse de thé, ça me met mal à l’aise et je ne retire aucun plaisir dans le frisson de peur que certains aiment avoir devant un film d’horreur ou un livre qui fait peur. Mais là, les personnages, l’ambiance, la plume… tout était parfait. J’ai été prise dans le récit dès les premières lignes et j’ai eu beaucoup de mal à m’en détacher pour dormir ou travailler, grappillant quelques minutes entre deux cours pour lire ne serait-ce qu’un petit passage.

J’ai été bouleversé par l’histoire de Hugo. Ce passé si lourd et horrible d’enfant battu qu’il traîne avec lui, cette nuit où tout a basculé, dont il ne se souvient pas mais qui le hante, à la limite de sa conscience, m’a fait ressentir un élan de compassion et de tendresse pour ce personnage brisé. On le suit alors que son passé refait surface malgré lui, l’obligeant à y faire face, à se rappeler ses parents qui le maltraitaient, l’énigmatique et effrayante princesse au visage de nuit mais aussi la jolie petite Sophie et l’adorable petit Pierre, ses deux compagnons d’enfance sans qui il est revenu ce sinistre jour.

Un récit de légende

J’ai retrouvé cette ingéniosité dans la construction du récit qui était déjà présente dans Que Passe l’Hiver et qui m’avait conquise. L’auteur joue avec la chronologie, comme des pièces de puzzle qui s’emboîtent au fur et à mesure que l’orage gronde. Le passé et le présent se mêlent, des zones d’ombre s’éclairent à la lumière des lucioles pour ensuite s’obscurcir à l’arrivée de sombres nuages, nous plongeant dans une soif de savoir, de comprendre ce qui s’est passé cette fameuse nuit où trois petits enfants sont entrés dans la forêt et dont un seul en est ressorti.

J’ai adoré suivre l’enquête de la mort intrigante des parents de Hugo tout comme tous les événements étranges qui se sont passés avant et après ce moment et qui semble lié à la mystérieuse légende de la princesse au visage de nuit. Saint-Cyr n’est pas un village comme les autres, plongé dans une sphère de mystère et de danger mais surtout, de silence, où tout le monde comprend que quelque chose ne va pas mais dont personne n’ose parler. Personne mise à part la vieille sorcière Lisenne qui ne répond à nos questions que pour engendrer d’autres questions encore : simple légende, réalité ? Souvenir, véritable fantôme ? Accident, meurtre ? Toutes ces questions hante nos personnages et nos propres cœurs à mesure que l’intrigue suit fatalement son cours.

Des personnages à se briser le cœur

Les personnages sont brisés, désœuvrés, s’accrochant les uns aux autres avec la force du désespoir. Désespoir qui s’abat sur tout le monde comme la pluie sur tout le village. Personne n’est heureux, adultes comme enfants, ils ont tous leur casserole, leur fardeau à porter. Mais les enfants sont ceux qui m’ont le plus touché. L’indignation, la colère ne m’ont pas quitté face à chacune de leur histoire tragique. La détresse de Sophie, la tristesse de Pierre, la culpabilité et la perte que subit Anne… Tout cela m’a brisé le cœur. Heureusement, l’auteur offre une petite brise, un petit rayon de soleil d’espoir qui traverse les sombres nuages de tristesse et de désespoir, montrant qu’il est possible d’avancer, d’aller de l’avant malgré tout.

Pour conclure, ce fut un véritable coup de cœur. Ni plus ni moins. J’ai adoré la plume toujours aussi poétique de l’auteur, ces personnages aux blessures profondes, ce récit navigant entre réalité et magie… C’est à lire de toute urgence. Merci David Bry pour cette histoire.

Laisser un commentaire